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Quand l’État bloque la liberté d’association

  • Writer: Alexis Sémanne
    Alexis Sémanne
  • 7 days ago
  • 2 min read

Il y a quelques jours, j’ai voulu créer officiellement l’association de l’Institut pour la Propriété Privée. Rien de plus simple, en théorie : il suffit de se rendre sur le site officiel du gouvernement, « e-création d’association », pour effectuer la déclaration en ligne.

Mais à ma grande surprise, la page affichait… Erreur. Impossible d’avancer. Le site est tout simplement hors service.


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On pourrait sourire si ce n’était pas si révélateur. Dans un pays où l’administration compte des millions de fonctionnaires, où chaque initiative individuelle est encadrée, surveillée, réglementée, il semble que même la liberté la plus élémentaire (celle de s’associer) dépende du bon fonctionnement d’un formulaire en ligne.


Et c’est là que vient à l’esprit Alexis de Tocqueville. Dans De la démocratie en Amérique, il expliquait que l’une des forces des sociétés libres réside justement dans la vitalité des associations. Selon lui, l’association est la seule forme de pouvoir intermédiaire qui puisse se substituer à l’action individuelle impuissante ou à l’action du gouvernement envahissant.


Autrement dit : lorsque les citoyens s’unissent librement, ils font vivre la démocratie. Ils créent des espaces de liberté, d’expérimentation, de débat. Ce sont ces lieux autonomes qui empêchent l’État d’occuper tout l’espace social.


Or aujourd’hui, c’est l’inverse qui se produit. L’administration, censée garantir nos libertés, en devient le filtre. Le citoyen doit demander à l’État la permission de s’associer, et prier pour que le serveur fonctionne.


On mesure ici toute l’ironie de notre époque : la France se revendique patrie des droits de l’homme, mais pour exercer le plus fondamental de ces droits, celui de se rassembler, il faut passer par un site planté.


Ce n’est qu’un détail technique, dira-t-on. Mais c’est souvent dans les détails que se loge l’essentiel. Ce « bug » administratif illustre le dysfonctionnement d’un État hypertrophié, où la machine bureaucratique se prend pour la société elle-même. Tocqueville nous invitait à craindre « le despotisme doux » : cette forme de tutelle où le pouvoir prétend tout organiser pour notre bien, mais finit par empêcher les citoyens d’agir sans lui.


Créer une association, ce n’est pas demander l’aumône de l’État : c’est exercer sa liberté de s’organiser en dehors de lui. Et si l’administration française veut vraiment encourager la participation citoyenne, la première chose à faire serait peut-être… de réparer le site.


 
 
 

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